Corps Paysage est une proposition portée en collaboration avec Céline Robineau. Depuis 7 ans, nous avons la joie de porter ensemble cette proposition et de la renouveler au contact des lieux dans lesquels elle se déploie, des différentes thématiques abordées, du groupe constitué.

Nous inventons des ponts entre nos pratiques — Life Art Process, Contact Improvisation, composition instantanée, butô, pratiques somatiques, hypnose ericksonnienne — dans un esprit de recherche et de co-création. Nos propositions prendront appui sur la danse, le dessin, l’écriture et sur la mise en perspective et le partage verbal de nos expériences.

Corps Paysage #8 – Météorologie dansée, quand l’imprévisibilité devient une alliée

Lannion – Du 22 au 25 août 2024

 

« Il y a un lien entre la météo et la notion d’incertitude. D’ailleurs, si vous regardez le mot incertain dans le dictionnaire, un des exemples est : le temps est incertain. En fait, la météo révèle la part d’incertitude dans l’homme. On peut considérer la météo, la météorologie, qu’on appelle la science des météores, comme un modèle pour penser le mouvement. »
Anouchka Vasak

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« Ce que nous regardons est à une distance immaîtrisable. Le ciel est de toute façon trop loin, il ne nous donnera jamais son détail ou l’intimité de sa texture. Et d’un autre point de vue il envahit déjà la pièce, il nous touche déjà puisque nous y étouffons, s’il fait chaud et y grelottons s’il grêle. Ce que nous regardons alors nous surplombe littéralement et à ce titre ce que nous regardons nous regarde (…). Et puis le temps se dilate extraordinairement pour que ces œuvres nous puissent devenir visibles. Une telle dilatation n’est pas de notre fait : c’est le ciel lui-même qui en décide- sa manière ce jour-là de bien vouloir faire « lever » un crépuscule. Alors le ciel n’est plus le fond neutre des choses à voir, mais le champ actif d’une imprévisible expérience visuelle. Le ciel n’est plus vaguement « autour » ou « au-dessus » de nous, mais là exactement sur nous et notre nous, présent parce que changeant, nous obligeant à l’habiter, si ce n’est à monter à sa rencontre. »
Georges Didi-Huberman – L’homme qui marchait dans la couleur – éditions de Minuit

Si le temps qu’il fait est l’un des sujets de conversations les plus quotidiens depuis toujours, nos conversations météorologiques revêtent aujourd’hui une dimension particulièrement préoccupante, voire même angoissante, à l’heure des violents désordres climatiques qui ne cessent de se produire ici comme ailleurs, dans un monde de plus en plus soumis aux aléas de la crise écologique.
Face à la peur, l’impuissance et la désolation devant les mauvaises nouvelles qui nous parviennent de nos bulletins météo et contre le solutionnisme technique qui ne fait qu’accroître la tentative de contrôle sur ce qui nous échappera pourtant toujours, nous pensons que les pratiques d’improvisation en danse peuvent nous permettre de mieux vivre dans un monde de plus en plus imprévisible et chaotique.
En effet, les techniques d’improvisation en danse nous enseignent à cohabiter avec nos émotions pour ne pas les laisser nous figer dans nos gestes et nos imaginaires. Elles nous apprennent à travailler avec et depuis notre vulnérabilité et notre déséquilibre, à rester ouverts et disponibles à l’inconnu qui émerge, à faire confiance au sol et à l’espace qui nous portent, à naviguer avec les mouvements permanents de notre attention et à faire des choix dans l’instant.
Peut-être plus encore, ce que la danse improvisée nous permet de cultiver, c’est l’intuition d’habiter ce même ciel, d’être mû.es par les mêmes courants atmosphériques, de ressentir les mêmes embruns. Bref de nous sentir profondément relier les un.es aux autres, ainsi qu’à tous les vivants.
Si parler du temps qu’il fait, c’est manifester que nous faisons partie du même monde – ce que Peter Sloterdijk nomme notre « condition atmosphérique » –, alors danser le temps qu’il fait, c’est manifester cette communauté bien au-delà de notre seule humanité.
Ce sont donc sous les auspices des préoccupations météorologiques que Corps Paysage se déroulera cette année.

Nous nous rendrons sensibles aux variations atmosphériques, aux états du ciel, aux mouvements des nuages, aux précipitations, au vent… Nous porterons notre attention sur la manière dont nos humeurs, nos affects, nos paysages intérieurs entrent en correspondance et en résonance avec des phénomènes météorologiques (zone de basse pression, vague de chaleur ou de douceur, bourrasque de vent ou morceau de ciel voilé…). Nous explorerons la manière dont nos techniques d’improvisation nous permettent de nous relier au ciel, d’éprouver la perturbation de nos repères, de coopérer en situation de désorientation, de manifester des choix éclairés par l’éprouvé du corps, de traverser des zones de pleine couverture nuageuse et de transformer des affects en mouvements.

Dans un aller-retour entre le studio et la plage, l’individu et le groupe, nous vous proposons d’explorer ce corps paysage façonné par le temps qu’il fait comme par celui qui passe.

Dates : Du 22 au 25 août 2024- Stage de 4 jours avec 2h de pratique le jeudi soir puis 5h de pratiques les vendredi, samedi et dimanche.

Lieu : Lannion – Salle de danse de Servel, ciels de la côte sauvage !

Tarifs : Tarif soutien 260€ / tarif normal 220€ / tarif réduit 180€ (minima sociaux, étudiant-es)
Earlybird : 170€ jusqu’au 19 mai
Nous contacter si le tarif est un frein.

Inscriptions et réservations :
[email protected]
06 37 00 25 31 / 06 72 57 06 36

Formulaire de contact

Le Corps Paysage # 7 – La fabrique de la danse et du paysage, à Lannion (22), du 5 au 9 août 2023

L’action de produire, de faire ou de fabriquer peut alors être pensée comme un processus de croissance et de communication avec des matériaux actifs.
Ce qui nous intéresse, c’est que l’improvisation dans le paysage, la danse in situ, mettent en jeu pour les danseur.euses, des savoirs du même ordre que ceux développés par l’artisan. Le « savoir-faire » artisanal se manifeste alors comme un « savoir-sentir » (un mode d’attention particulier au monde, une prise de conscience fine de la répartition de son poids, de sa respiration, de ses états de corps, de son tonus musculaire, de sa posture) et comme un « savoir-être » (s’accorder à ce qui est déjà présent pour se placer au milieu des choses, des situations, des évènements, accueillir l’inattendu et en prendre soin afin de soutenir la création collective).
Le paysage peut alors être perçu comme un espace productif dans lequel viennent s’inscrire des gestes et s’élaborer un véritable atelier au sein duquel les artisan.es danseur.euses viennent fabriquer des états de corps, des images mouvantes et in fine ce paysage lui-même.
Lors de ce stage, nous vous proposons d’affiner nos savoir-sentir et nos savoir-être (perceptions sensorielles et kinesthésiques, sens de l’espace et du temps), pour fabriquer une œuvre collective qui prendra la forme d’une restitution publique en fin de stage.
Alternant les temps en studio et les explorations in situ, nous nous appuierons, sur différentes techniques de mouvement (danse contemporaine, contact-improvisation, butô, pratiques somatiques, composition instantanée), pour œuvrer ensemble.
Le stage est ouvert à toute personne souhaitant s’engager dans un processus de création in situ

Le Corps Paysage # 6 – Vertiges et Désorientations, à Lannion (22), les 13, 14 et 15 mai 2022, et les 10, 11 et 12 août 2022

Dans la danse des derviches tourneurs, le tournoiement des enfants, les sports de glisse ou les courses de vitesse se retrouve ce même besoin d’étourdissement, d’abandon à l’espace, cette brusque désorientation, ce trouble volontairement recherché de déséquilibre, créant un état organique de confusion.
Si notre époque tend à faire du vertige un simple objet de divertissement de fête foraine ou nous pousse au contraire à une prise de risque incontrôlée (vitesse, addiction, décharge pulsionnelle) impliquant une mise en danger permanente de nos corps, la pratique de la danse peut nous permettre d’apprivoiser ces sensations de vertige et de désorientations.
Le vertige se trouve ainsi au centre de la pratique du contact-improvisation, depuis sa genèse. Les chutes, portés, sauts, roulades, récurrents dans cette danse, viennent suspendre notre rapport au sol, perturber nos perceptions visuelles et stimuler notre système vestibulaire. Cette prise de risque n’est pas une visée en soi, mais une manière de renverser nos repères habituels, de se rendre disponible pour rencontrer l’autre. La désorientation et le déséquilibre sont, pour les danseurs et danseuses, l’occasion d’expérimenter de nouvelles manières de percevoir et de ressentir.
Mais le vertige n’est pas seulement d’ordre physique, il peut-être moral, mental. Cet état de trouble et d’étourdissement vient détruire pour un instant la stabilité de nos perceptions et l’assise de nos connaissances et de nos croyances. Le vertige fait vaciller notre conscience, crée une sorte de perplexité, d’inconfort, de mise à l’épreuve de la stabilité de nos existences.
Et si nous pouvions jouer avec le vertige et nous préparer à l’inconnu des situations ?
C’est ce que nous vous proposons avec cette nouvelle édition de Corps Paysage dans un cadre sécurisant et bienveillant. Car pour expérimenter la perte d’équilibre, éprouver la perturbation de nos repères, s’exposer au vide, il faut déjà avoir apprivoisé le sol. Il faut avoir appris à rouler, à basculer et à rebondir. Il faut avoir cultivé et éduqué son goût de l’instabilité afin d’en augmenter la durée et l’ampleur. Il faut pouvoir se laisser traverser par la gravité, pour justement ensuite pouvoir s’en affranchir.
Dans un aller-retour entre le dedans et le dehors, l’individu et le groupe et à partir de nos outils respectifs – le contact-improvisation, le Life Art Process, l’hypnose, la composition instantanée, le butô – nous vous proposons d’explorer cette relation au vertige et à la désorientation dans ses dimensions tout aussi bien physiques, somatiques, sensorielles et imaginaires.

Le Corps Paysage # 5 – Ce qui nous tient ensemble : une exploration à partir des fascias, à Albières (11), du 7 au 11 août 2021

Après cette année de repli sur soi et de carence en contacts physiques, nous avons eu envie d’articuler nos propositions autour de ce qui nous tient ensemble, à la fois ce qui nous constitue en tant que corps, mais également ce qui nous lie aux autres êtres vivants et nous tisse au milieu.
Le fascia ou tissu conjonctif constitue l’environnement immédiat de chaque cellule de notre corps, enveloppant et unissant toutes les structures (os, muscles, articulations, organes, nerfs, vaisseaux, etc.) au sein d’un réseau fibreux et cohérent. En raison de sa complexité et de sa continuité, ce réseau peut être considéré comme un organe à part entière, l’un des plus grands et des plus étendus du corps. Il est considéré comme « l’organe de la forme », ce qui nous assure littéralement notre tenue.
En nous appuyant sur une exploration des fascias, nous vous proposons de créer des ponts entre corps et paysage, de sentir les résonances et les ramifications avec les processus naturels à l’œuvre chez tout être vivant et d’observer les caractéristiques de cette structure fasciale (tenségrité, plasticité, fluidité) au-delà de notre enveloppe corporelle. En solo, en duo ou en groupe, en studio ou à l’extérieur, nous vous accompagnons dans ce travail aussi bien physique, somatique que sensoriel et imaginaire.